Depuis la première enfance, de longs moments, elle s’absente.
Seule, dans sa chambre, sans que plus rien ni personne ne puisse la détourner de ce dessein qu’elle seule connaît.
Je suis toujours bouche bée devant son geste, sûr, comme guidé, avec pour revers toutes ces feuilles déchirées parce que le geste a failli. Parce que ce qui, dans sa tête, était écrit, n’a pas été transmuté en réalité.
Créer, action consubstantielle d’exister pour ma fille mon bébé.
Je ne vous dis pas qu’elle est génie née destinée un jour à briller – même si bien sûr la mère en moi trouve sublime tout ce qu’elle fait – mais je suis absolument fascinée par cette assurance qu’elle montre dans ce domaine, elle qui si souvent doute.
Et en réalité, il me semble que plus que de l’assurance, il s’agit avant tout d’abandon.
Oubliés, les autres, la pression, oubliées les heures, les leçons, les émotions.
Laisser ses doigts tracer ou malaxer, déchirer et coller, mélanger les couleurs, laisser émerger.
Oui, je suis toujours fascinée que cela, en nous, humains, existe.
Le besoin – immanent, irrépressible, inutile pourtant – de créer.
(en photo, un visage en terre glaise qu’a réalisé ma 2ème fille, donc… Dans le fameux test de « la maison brûle qu’est-ce qu’on emporte ? », je crois qu’il en ferait partie tellement je l’aime d’amour. Ce n’est pas grand chose, c’est tout simple, mais c’est justement cette simplicité – cette évidence qui s’en dégage – qui me touche profondément…)


4 Commentaires
chance pour elle d’accéder à ce relâchement de l’esprit et du contrôle, puissance de la création…
bises
sophie
@Sophie : oui, je suis contente pour elle qu’elle ait ce petit truc, ça lui apporte beaucoup, je crois…
Et toi non bien sûr rien à voir rien à montrer non plus de ton flux crétif, hum ? C’est beau ce qu’elle fait et c’est beau ce que tu écris.
@lutecewoman : non non rien à voir bien sûr 😉 <3